Face à la pression foncière et aux défis environnementaux, les terrains non constructibles suscitent un engouement croissant pour l’agroforesterie. Cette pratique, qui allie agriculture et sylviculture, offre de multiples avantages tant sur le plan économique qu’environnemental.
Qu’est-ce que l’agroforesterie et pourquoi s’intéresser aux terrains non constructibles ?
L’agroforesterie est un système de gestion des terres qui combine la culture de plantes agricoles avec la plantation d’arbres. Ce modèle présente plusieurs avantages dont notamment l’amélioration de la biodiversité, la protection des sols contre l’érosion et la séquestration du carbone. Les terrains non constructibles, quant à eux, sont des parcelles qui ne peuvent pas être utilisées pour des constructions en raison de contraintes réglementaires ou naturelles (zones inondables, espaces naturels protégés, etc.). Souvent délaissés ou sous-exploités, ces espaces représentent pourtant une opportunité pour développer des projets agroforestiers durables et respectueux de l’environnement.
Les bénéfices environnementaux de l’agroforesterie sur les terrains non constructibles
L’un des principaux atouts de l’agroforesterie réside dans sa capacité à préserver et améliorer les écosystèmes locaux. En effet, la présence d’arbres au sein des cultures favorise la biodiversité en offrant un habitat et une source de nourriture pour de nombreuses espèces animales. De plus, les arbres contribuent à la régulation du climat en séquestrant le CO2 et en évapotranspirant l’eau, ce qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’atténuer les îlots de chaleur urbains.
Par ailleurs, l’agroforesterie permet également de préserver la qualité des sols en limitant l’érosion et en favorisant leur fertilité. Les systèmes racinaires des arbres aident à maintenir la structure du sol, tandis que leur feuillage limite l’évaporation de l’eau et protège le sol du ruissellement. Enfin, les arbres participent à la régulation des cycles biogéochimiques (azote, phosphore) grâce à leur capacité à puiser les éléments nutritifs en profondeur.
Les avantages économiques pour les agriculteurs et les propriétaires fonciers
L’agroforesterie offre également des bénéfices économiques non négligeables pour les exploitants agricoles et les propriétaires fonciers. En effet, la diversification des productions permet d’accroître les revenus générés par l’exploitation tout en réduisant sa dépendance aux fluctuations des prix des matières premières agricoles. Les arbres peuvent ainsi fournir du bois d’œuvre ou de chauffage, des fruits ou encore des produits non ligneux tels que le miel, les champignons ou les plantes médicinales.
De plus, l’agroforesterie permet de valoriser des terrains non constructibles qui seraient autrement laissés en friche ou sous-utilisés. Les propriétaires fonciers peuvent ainsi bénéficier de revenus complémentaires grâce à la location de ces terrains à des agriculteurs désireux d’adopter des pratiques agroforestières. En outre, l’agroforesterie est éligible à certaines aides publiques, telles que les mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) ou les aides à l’investissement dans le cadre du Programme de développement rural (PDR).
Des exemples concrets d’agroforesterie sur terrains non constructibles
Plusieurs projets agroforestiers ont déjà vu le jour sur des terrains non constructibles en France et dans d’autres pays européens. Par exemple, dans la région Hauts-de-France, un projet d’agroforesterie a été lancé sur une parcelle de 4 hectares située en zone inondable. Les agriculteurs y ont planté des arbres fruitiers et des saules pour produire du bois-énergie, tout en maintenant une production maraîchère diversifiée.
Dans le Sud-Ouest de la France, un autre projet a permis de reconvertir une ancienne carrière en espace agroforestier dédié à la culture de la truffe et à l’élevage ovin. Ce projet, qui s’étend sur 12 hectares, a permis de restaurer un écosystème dégradé tout en créant une activité économique rentable et durable.
Le rôle des collectivités locales et des acteurs du territoire
Les collectivités locales ont un rôle crucial à jouer dans la promotion et le soutien de l’agroforesterie sur terrains non constructibles. Elles peuvent notamment intégrer cette pratique dans leurs documents d’urbanisme et d’aménagement du territoire, favoriser les échanges entre agriculteurs et propriétaires fonciers, ou encore accompagner les porteurs de projet dans leurs démarches administratives et financières.
De plus, les acteurs du territoire, tels que les chambres d’agriculture, les organismes de recherche et de formation, ou encore les associations environnementales, ont également un rôle à jouer dans la diffusion des connaissances et des bonnes pratiques en matière d’agroforesterie. L’émergence de réseaux territoriaux dédiés à l’agroforesterie témoigne d’ailleurs de l’intérêt croissant pour cette approche innovante et durable.
Face aux enjeux environnementaux et fonciers actuels, l’agroforesterie sur terrains non constructibles apparaît comme une solution pertinente pour concilier production agricole, préservation de la biodiversité et valorisation du patrimoine foncier. En encourageant cette pratique, les acteurs locaux contribuent ainsi au développement d’une agriculture résiliente et respectueuse de l’environnement.